dimanche 24 février 2013

"Sobibor" - Jean Molla

MOLLA J. , "Sobibor", Gallimard, coll. : "Folio", 2003
 
 
CHAPITRE UN

En seulement 20 pages, la couleur est annoncée... Trois adjectifs me viennent en tête : choquant, angoissant et émouvant. En un chapitre, Jean Molla m'a plongée au coeur du livre. Certaines scènes montrent déjà l'étendue du problème. J'ai envie d'en savoir plus. J'ai envie de connaître les raisons du mal-être profond d'Emma, la signification de ses rêves étranges et le lien entre cette jeune fille et le titre du livre, "Sobibor".
J'ai cependant une hypothèse (qui m'est venue grâce aux premières pages précédant le chapitre un et à la quatrième de couverture) : et si Eva Hirschbaum était la grand-mère d'Emma...  

CHAPITRE DEUX
 
Chapitre moins éprouvant... mais j'en découvre davantage sur Emma. Je comprends que sa relation avec ses parents est compliquée et que la communication entre eux est rompue. Sa grand-mère et elle étaient très proches, cela m'attendrit et me touche.

Je n'ai aucune réponse à mes précédentes questions mais une nouvelle vient s'ajouter à la liste : " Qui est ce Jacques? "

Cependant, mon hypothèse tient toujours la route. Sa grand-mère connaissait Eva Hirschbaum et ne veut rien dévoiler sur son existence. Ce qui m'amène toujours à penser que cette femme n'est autre que la grand-mère d'Emma elle-même à une époque de sa vie qu'elle veut oublier, dont elle ne veut réouvrir les blessures. La suite m'attend...

 
CHAPITRE TROIS

Changement de décor! Je sais dorénavant qui est Jacques : un nazi assoiffé de sang juif. Je le hais! Pourtant, j'ai l'intime conviction que cet homme, plus tard, retournera sa veste et jouera un rôle primordial dans la survie d'Eva. Je ne sais pas encore quel lien les unit tous les deux mais je sens que leur rencontre marquera un tournant radical dans leur vie, les sauvera...


 
CHAPITRE QUATRE

Déception! Mon hypothèse semble à présent compromise, à moins que la grand-mère d'Emma n'ait changé d'identité... J'ai hâte de me plonger à nouveau dans ma lecture afin d'avoir les éclaircissements que j'attends. Néanmoins, je connais maintenant les raisons qui ont poussé Emma à l'anorexie : la maladie d'Anna, la non acceptation des changements de son corps durant l'adolescence, l'envie de plaire à Julien mais aussi à elle-même. Je comprends à présent à quel point la jeune fille souffre, à quel point elle est sous l'emprise de la maladie qui lui apporte le réconfort et la liberté qu'elle recherche mais qui la détruit également à petits feux...

Ps: Je découvre grâce à cet article qu'il est difficile de s'arrêter à chaque chapitre, moi qui ai l'habitude de lire les livres d'une seule traite.

 
CHAPITRE CINQ

Je suis peut-être bornée mais je continue à croire que la grand-mère d'Emma était Eva et je pense maintenant que son grand-père était Jacques, à l'époque. Un passé lourd à porter pour des raisons que j'ignore encore mais qu'ils ont préféré taire tous les deux. Comme Emma, je me demande qui sont ces gens inconnus à l'enterrement d'Anna (Eva?). Des personnes l'ayant rencontrée pendant la guerre, peut-être?

 
CHAPITRE SIX

Chapitre touchant! J'éprouve de la tendresse pour Julien qui souffre de sa rupture avec Emma. Leur relation semblait si fusionnelle que je suis persuadée qu'une fois que la jeune fille aura trouvé les réponses à toutes ses quetions et qu'elle sera guérie, leur idylle recommencera.
Une nouvelle question m'interpelle cependant : "Comment les parents d'Emma ne se sont-ils pas rendu compte plus tôt de la situation alarmante de leur fille?"

 
CHAPITRE SEPT

L'anorexie d'Emma est une échappatoire, une "carapace" qu'elle s'est construite afin de se débarrasser de tout ce qui parasite un corps de femme, de s'exclure du monde, d'oublier... J'ai quelques difficultés à comprendre pourquoi le passé de sa grand-mère obsède Emma au point de la plonger plus profondément dans sa maladie.
 

CHAPITRE HUIT

Depuis son adolescence, Emma se sent à mille lieues de ses parents. Ils ne sont plus les modèles d'excellence qu'ils étaient autrefois et le fossé se creuse un peu plus chaque jour entre eux... C'est certainement une des raisons supplémentaires qui pousse Emma à s'isoler du monde.
Le journal de Jacques a été découvert... Je me plonge dans la suite du récit afin d'en connaître davantage sur le passé de Mamouchka.
 

CHAPITRE NEUF ET DIX

Je n'ai pas réussi à m'arrêter entre ces deux chapitres. L'envie de connaître la suite de l'histoire l'a emporté sur moi et me voilà satisfaite. Enfin des révélations! La grand-mère d'Emma était une cuisinière polonaise "employée" pour servir les allemands et ce Jacques n'était autre que son amant. Comment peut-on aimer un homme aussi monstrueux? Comment cet homme pouvait-il être aussi inconscient de l'atrocité dont il faisait preuve? Comment peut-on se convaincre à ce point que tuer des milliers d'humains est bénéfique pour l'avenir? Comment peut-on imaginer qu'un Homme n'est pas humain du simple fait de sa "race juive"? Toutes ces questions trottent dans ma tête et peuvent également s'appliquer à notre monde actuel tant les Hommes sont cruels et monstrueux.
Ce chapitre est certainement l'un des plus émouvants de par les évènements bouleversants qu'il nous livre, les détails choquants auxquels nous sommes confrontés et l'empathie naissante envers Emma qui découvre un passé douloureux.
A travers ces deux chapitres, mon hypothèse selon laquelle Anna est Eva tombe à l'eau mais je reste persuadée que Jacques est le grand-père d'Emma.

 
CHAPITRE ONZE

Quelle horreur! Je suis profondément dégoûtée et ne comprends pas comment tant de violence a pu exister (et existe toujours d'ailleurs) ! Depuis le début, Jacques parvient à garder un air détaché face à l'extermination des Juifs, pire encore il la trouve utile. Ce comportement est déjà digne d'un monstre mais l'acte selon lequel il abat de sang-froid un petit garçon et sa mère, simplement pour être "reconnu" de ses supérieurs, est révoltant. Ce chapitre suit la lignée du précédent... Simple par ces mots mais extrêmement riche et poignant par son contenu.
Depuis quelques lignes, je ne peux que m'incliner face à la suite de l'histoire qui s'avère différente de mes hypothèses de départ. Eva n'est pas la grand-mère d'Emma et Jacques n'est pas son grand-père. Eva et son fils, Simon, sont de "simples Juifs parasites" (comme dirait ces foutus Allemands) qui ont changé le cours de la vie d'Anna et l'amour qu'elle éprouvait pour Jacques, qui l'ont poussée à partir loin de ces horreurs. Je comprends maintenant, en lisant toutes ces expériences affreuses, qu'Anna n'ait jamais voulu parler de ce passé qui la hantait. Sentir chaque jour la mort dans l'air, aimer un homme qui donnait l'ordre d'exécuter des milliers de Juifs, voir ce même homme tuer de ses propres mains, perdre un enfant, et certainement encore bien d'autres expériences ont dû entrainer une réelle souffrance lourde à porter durant une vie entière... Jacques est mort le 3 juillet 1943. Honte à moi mais j'éprouve quand même une certaine "affection" pour cet homme... peut-être est-ce dû aux sentiments qu'il éprouvait pour Anna?
 

CHAPITRE DOUZE

Retour à Emma... Coup de massue pour la jeune fille! Une vérité qui l'enfonce en peu plus dans ses problèmes, son exclusion du monde, son envie de disparaître... Je comprends toutes les questions qu'elle se pose et j'ai, comme elle, envie d'en découvrir les réponses. J'ai hâte de connaître la suite et j'y retourne, d'ailleurs!
 

CHAPITRE TREIZE

Accélération du temps! Cinq mois ont passé depuis la lecture du journal de Jacques... Emma a décidé d'accepter de se faire soigner ou plutôt de ne plus refuser de le faire. Les détails que Jean Molla me livre me font prendre conscience de la manière dont une maladie telle que l'anorexie peut détruire une vie... Pas seulement physiquement mais aussi psychologiquement, socialement.
La dernière phrase du chapitre m'interpelle : "Avec le poids, mes forces sont revenues progressivement. Et avec elles le souvenir aussi." Elle renforce l'idée selon laquelle Emma se vide de ses forces afin de se vider l'esprit, d'oublier le monde, les problèmes, les souvenirs...

 
CHAPITRE QUATORZE ET QUINZE

J'ai envie qu'Emma se reprenne!! Cela m'exaspère de l'entendre se plaindre et faire tourner le monde autour de ses problèmes... Elle fait un premier pas pour trouver des réponses et demander conseil au directeur du magasin. Je pense que ce dernier va, en quelque sorte, la sauver. Je l'espère...


CHAPITRE SEIZE

Je le savais depuis le début! Jacques est le grand-père d'Emma! J'ai eu un doute lorsque j'ai lu qu'il était mort mais j'aurais dû me douter que c'était au sens "figuré", qu'il reniait son passé afin de construire son avenir avec Anna, par amour. Je comprends maintenant pourquoi Emma éprouve tant de difficultés à vivre avec ce lourd secret qui salit l'image de son grand-père, de Mamouchka et de toute sa famille. Avoir le même sang qu'un monstre coupable de milliers de morts doit être affreux à porter...

 
CHAPITRE DIX-SEPT ET DIX HUIT

Je ne me suis même pas rendue compte que je poursuivais la lecture du chapitre suivant. Tout s'éclaire! La fausse idendité, les manigances de Konrad afin de sauver Jacques, la maladie d'Emma. Je l'admire d'avoir osé tout raconter à son grand-père de cette façon, de trouver les mots afin de dénoncer toutes les horreurs qu'il a commises mais je lui en veux de pousser ses jugements aussi loin, de ne pas tenter de comprendre un seul instant son grand-père (même si ses actes restent impardonnables). Je pense exactement tout ce qu'elle dénonce et je la trouve désormais dotée d'une grande intelligence et force d'esprit mais j'ai de la pitié pour Jacques. La vie d'Emma s'écroule et les seules personnes qui la comprenaient l'ont trahie... Je me demande ce que j'aurais fait si j'avais découvert qu'un tel mensonge pesait sur ma famille.
 

CHAPITRE DIX-NEUF

Wouaw! Quelle émotion! Je me sens partagée... Heureuse à l'idée qu'Emma ait décidé de s'en sortir, de renforcer les liens qui l'unissent à ses parents et de devenir une femme, et triste du déroulement tragique de l'histoire, de la mort de Jacques, de la haine qu'Emma éprouve pour ses grands-parents et de la mémoire salie de ces derniers. En réalité, je me pose des questions quant à la façon dont j'aurais réagi si j'avais vécu la même chose qu'Emma. Je me sens partagée : je la comprends mais je ne peux m'empêcher de trouver sa réaction extrême... Pousser son grand-père au suicide et n'en éprouver aucun chagrin me révolte mais je pense qu'il est impossible de faire preuve d'empathie pour la jeune fille et de ressentir ce que la découverte d'un tel secret peut déclencher. Cependant, à aucun moment elle n'a essayé de comprendre ou même d'écouter son grand-père, elle s'est contenter de juger! Je termine ce livre avec une boule au ventre... de tristesse, de haine ou d'incompréhension? Certainement un mélange des trois...


CITATION DU LIVRE

"Tu appelles ça la guerre! La guerre est une belle saleté, mais ça... Ca, c'est au-delà des mots. Il n'y a pas de mots pour ça! Ces gens ne faisaient pas la guerre. On les a enlevés, arrachés à leurs pays. Déportés. Déportés, tu m'entends, pour les tuer comme des chiens! A la guerre, on se bat. On est armé, on peut essayer de se défendre! Mais eux, contre qui se battaient-ils et quelles étaient leurs armes? Quelles ont été leurs chances de s'en sortir? Et pourquoi les avez -vous tués? Réponds! Réponds je te dis! Quel crime avaient-ils commis pour mériter de mourir comme ça? Dis-moi quel intérêt il y avait à déporter ces vieillards, ces femmes, ces enfants que vous êtes allés chercher un peu partout? Parce qu'ils étaient dangereux? Non. Leur seul crime, c'était d'être juifs, et rien d'autre! Comme si on pouvait naitre coupable... Et peu importe qu'ils aient été riches ou pauvres, ignorants ou savants, qu'ils aient été des gens bien ou des misérables. Vous les avez assassinés pour ce qu'ils étaient, parce qu'ils étaient nés juifs! Voilà la vérité. Ce n'était pas la guerre, c'était un meurtre de masse, prémédité, à l'échelle d'un continent tout entier..." (p179-180)

( En construction )



2 commentaires:

  1. Ah quelle histoire! Je suis partagée entre les 3 sentiments que tu as ressentis. Je pense tout de même que je n'aurais jamais réagi comme Emma car le lien qui me lire à mon grand-père est vraiment trop fort pour lui vouloir la mort! J'ai vraiment été choquée et même dégoûtée :(

    Souki <3

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  2. Excellent travail de lecture arrêtée Océane ! On suit tes découvertes, tes rébellions, ton intérêt, tes tâtonnements... C'est tout à fait instructif ! Dis-toi que tes futurs élèves feront peut-être de même, et que ce serait très riche de les accompagner dans cette découverte du récit...
    Et oui... quel livre ! Quels sentiments partagés. Nous en reparlerons en classe...

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