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KEYES D., Des fleurs pour Algernon,
Paris, J'ai lu, 2001 |
Analyse de la première de couverture
De nombreux éléments sont présents sur la première de couverture. Premièrement, nous pouvons apercevoir un visage, celui de Charlie. Des larmes coulent sur ses joues et symbolisent la tristesse du jeune homme face au monde qui l'entoure et aux découvertes qu'il fait lorsqu'il devient intelligent (chagrin d'amour, flash-backs de son passé, mépris des scientifiques à son égard, méchanceté de ses anciens "amis", etc.).
Deuxièmement, l'intérieur du cerveau de Charlie est également illustré. Ce dernier est disproportionné par rapport à la tête du jeune homme, on peut donc en conclure qu'il s'agit de Charlie à son apogée de l'intelligence. Dans ce cerveau se trouve Algernon, au centre d'un labyrinthe. Algernon, cette souris, est le miroir de Charlie. Leur parcours est similaire et, tout au long du récit, les deux "personnages" peuvent être associés l'un à l'autre. Le labyrinthe représente le concours mis en place entre Charlie et la souris, à plusieurs reprises, afin de mesurer leur intelligence. Il symbolise également les multiples questions que se pose le jeune homme ; Charlie se cherche, ne sait plus qui il est vraiment. Il est perdu et tente de comprendre les phénomènes qui l'entourent. Le dernier élément est une fenêtre à travers laquelle nous pouvons apercevoir un petit garçon. L'enfant n'est autre que Charlie lorsqu'il était petit. Dans le roman, le petit Charlie ne cesse de faire apparition afin de s'imiscer dans la vie du nouveau Charlie. A plusieurs reprises, ce dernier se sent observer par le petit Charlie, qui lui rappelle sans cesse son passé et ses anciennes souffrances.
Mes impressions
Commençons par dire que j'ai beaucoup aimé "Des fleurs pour Algernon" ! Ce roman est abordé sous l'angle de Charlie, que l'on a obligé à raconter son expérience à travers des comptes-rendus. Les dix premières pages sont alors truffées de fautes d'orthographe qui sont le départ d'une évolution longue et progressive. Au début, lorsque l'on lit les dires de Charlie, on ne peut que rire. Puis vient ensuite la découverte de sa personnalité et l'explication de sa vie et de son passé... On comprend alors que la situation est nettement moins risible... La couleur est annoncée et je ne peux déjà plus décrocher mes yeux du livres!
Passant de "bon idiot" à véritable génie grâce à la science, Charlie découvre les travers du monde qui l'entoure et prend conscience de la cruauté des individus. Au début du récit, le personnage principal s'avère être extrêmement attachant de par sa naïveté et ses grandes qualités de coeur. Après avoir été "transformé", Charlie continue d'émouvoir le lecteur tant il se pose des questions sur sa propre existence et se sent frustré par la réalité des évènements. Je m'attache au personnage, je le suis, je le comprends, j'éprouve de la compassion pour lui et je ne peux m'en défaire. Charlie m'émeut par son histoire et sa grande bonté.
Ce roman, rempli d'humanité, pose un grand nombres de réflexions, notamment sur les rapports humains. C'est une réelle leçon de vie ouvrant une porte pleine de sensibilité sur le respect des autres et sur l'acceptation des différences.
Extrait(mement) intéressant
"6 avril: Aujourd'hui, j'ai appris la virgule, qui est, virgule (,) un point avec, une queue, Miss Kinnian, dit qu'elle, est importante, parce qu'elle permet, de mieux écrire, et elle dit, que quelqu'un pourrait, perdre beaucoup d'argent, si une virgule, n'est pas, à la, bonne place. J'ai un peu d'argent, que j'ai, économisé, sur mon salaire, et sur ce que, la Fondation me paie, mais pas beaucoup et,je ne vois pas comment, une virgule, m'empêche, de le perdre. Mais, dit-elle, tout le monde, se sert des virgules alors, je m'en servirai, aussi. "
Cet extrait m'a fait sourire! J'ai immédiatement pensé qu'il serait pertinent de l'utiliser afin d'introduire une séquence sur la ponctuation (et plus particulièrement la virgule). Ce bref texte démontre l'importance de cette dernière qui fait défaut à de nombreux élèves. Il est donc essentiel, en tant qu'enseignants, de ne pas négliger la ponctuation et d'amener les élèves à acquérir une certaine démarche réflexive leur permettant d'utiliser la ponctuation à bon escient et de manière correcte.
Petit clin d'oeil à une autre oeuvre lue cette année
PAGE M., Comment je suis devenu stupide,
Paris, J'ai lu, 2002.
Par opposition à "Des fleurs pour Algernon" où Charlie rêve de devenir intelligent grâce à la science, "Comment je suis devenu stupide" démontre à quel point la connaissance peut entrainer des réflexions empêchant l'individu de vivre pleinement. Le personnage principal, Antoine, tente par tous les moyens de devenir stupide. Ces deux oeuvres, à mettre en parallèle, traitent du même sujet, en l'abordant cependant de manière différente. La recherche du bonheur par le biais des capacités intellectuel est le thème principal de ces deux romans! Cependant, le livre de Daniel Keyes est selon moi beaucoup plus riche et intéressant, en ce qu'il soulève de nombreuses réflexions (voir plus haut) et que l'histoire est extrêmement touchante.